Gilles Barikosky, saxophone jazz
Saxophoniste ténor au son et au style à la croisée des influences de Dexter Gordon, Joe Henderson et John Coltrane, Gilles Barikosky est présent sur les scènes et festivals de jazz depuis une vingtaine d’années. Il est depuis 1998 le complice de la chanteuse Sonia Cat-Berro, pour qui il écrit la musique du répertoire de son quintet, orchestre avec lequel il participe à de nombreux cd ,concerts et tournées. Il joue aussi ses propres compositions, enregistrées sur l’album « Right Now, Right Quick », au sein de son quartet, et collabore avec des musiciens de jazz manouche comme Thomas Dutronc ou le guitariste Ninine Garcia avec qui il se retrouve sur les scènes du Théatre du Chatelet, de L’Olympia etc… (sortie du dique de Ninine Garcia juin 2016, nouveau disque sorti en 2019 , tournée et disque live avec Thomas Dutronc album "Live Is Love"...) Son goût pour les projets d’horizons différents le conduisent naturellement sur d’autres chemins : Rocky et Mundine Garcia « Swing au coeur de Paris » sur le Label Ouest 2012. Soliste dans le projet Broadway’s Best avec orchestre Philharmonique réunissant Isabelle Georges et Frederik Steenbrink au chant, un quartet de jazz, un orchestre philharmonique, Zénith de Pau, Avignon, Paris Théâtre des Champs-Élysées avec l'orchestre de Chambre de Paris, Amsterdam au Concertgebouw, Liège...
Son dernier Album « Weeping Willow » enregistré en quartet avec des musiciens parmi les plus talentueux et créatifs de la scène jazz actuelle : Romain Pilon (guitare), Matyas Szandai (contrebasse) et Antoine Paganotti (batterie) a été salué par la critique (France musique, JazzaFip, TSF, Jazzmagazine...).
« Gilles Barikosky possède cet art d’être à la fois moderne dans son discours et dans ses magnifiques arrangements tout en s’inscrivant dans le respect et dans la culture de cette tradition du jazz qui nous est chère. Celle qui part du hard bop, qui évolue, qui va se nourrir d’autres musiques et qui se retrouve aujourd’hui quelque part dans les club de New-York …» (Jean-Marc Gelin "Les dernières nouvelles du jazz")
"La première fois que j'ai entendu Gilles Barikosky c'était au détour de l'album de SoniaCat-Berro, "Keep in touch". Il me semblait alors qu'il y avait quelque chose entre lui et la chanteuse comme une forme de complicité étroite, celle que l'on trouve chez les musiciens lorsque le son de l'un entre en complète fusion avec celui de l'autre pour finalement n'en faire plus qu'un. Quelques années plus tard j'étais, en tant que journaliste dans le studio à l'enregistrement de "Toys Balloons" autre album de Sonia. Je trouvais alors Gilles particulièrement concentré, enfermé dans sa bulle de verre et apportant à chacune de ses interventions, la lumière parfaite, le soin extrême porté à la tamiser juste comme il faut. Attentif à créer le climat des arrangements que pour nombre d'entre eux il avait lui même signé. C'est ensuite, en écoutant son propre album, celui que vous avez entre les mains et simplement le deuxième en leader, en près de 20 ans, que j'ai compris de quoi il retournait. Gilles Barikosky, voyez-vous, n'est pas seulement un très grand sax ténor. C'est aussi, sur son instrument, un chanteur à part entière. Avec ce son de velours qui vient du ventre et la tête. Avec cette façon d'exalter les mélodies qui vient du coeur et de l'âme. Avec cette douceur de dire qui vient des mains et du souffle posé. Il a cette classe des phrasés nonchalants et la fluidité des sons liés. Avec flegme et élégance. Avec autant de grâce subtile que d'engagement viril, magnifiant avec zénitude son groove souple quoiqu'il arrive. Mais attention ! Ne vous méprenez pas. Gilles Barikosky n'est pas du tout du genre autiste. C'est tout le contraire, il est du genre généreux et ouvert au monde. C'est juste que pour lui, la musique vient de l'interieur de lui même et se propage directement vers l'âme des autres. Lorsqu'on lui demande quelles sont ses références, bien sûr il cite les maîtres de l'instrument comme Dexter, Hawkins, Rollins, Getz. Et Lester bien sûr. Mais lorsqu'on lui parle de Joe Henderson, l'homme s'anime aussitôt comme si on venait de lui parler d'un parent très très proche. Et l'on comprend bien ce qu'il veut dire. Joe Henderson c'était, avant lui, ce sens de la synthèse moderne. Car Gilles Barikosky possède cet art d'être à la fois moderne dans son discours et dans ses magnifiques arrangements tout en s'inscrivant dans le respect et dans la culture de cette tradition du jazz qui nous est chère. Celle qui part du hard bop, qui évolue, qui va se nourrir d'autres musiques et qui se retrouve aujourd'hui quelque part dans les club de New-York, là où l'on peut entendre en descendant les marches du Small des gars comme JDAllen, comme James Brandon Lewis ou encore Grant Stewart. Il faut une sacrée personnalité et un sens affuté des arrangements "climax" pour s'approprier, pour réinventer "Lady Sings the Blues", graal intouchable depuis que Lady Day l'a immortalisé, et en faire un nouveau blues étheré dans de sulfureuses vapeurs suaves. Entre tradition et modernité. Ou encore en réarrangeant ce fameux standard de Benny Golson, "Along came betty" revu autrement. Rendu à une autre vie. Là encore, entre tradition et modernité. C'est que Gilles Barikosky ecrit magnifiquement bien. Son écriture est apaisée et, on l'a dit, souple. Si elle est adaptable à tous les formats, c'est ici en quartet pianoless qu'il parvient à trouver ce qu'exige sa musique : cette forme d'intimité complice avec ses partenaires de jeu. Se retrouver autour de couleurs harmoniques qui tournent au bleu nuit et se partagent entre amis comme une conversation où flotte dans l'air le sentiment d'être bien ensemble, de se comprendre entre les lignes, dans l'écoute et dans le partage. Ecoutez ce "Time is my only friend" ou encore dans " You the man". Gilles et Romain Pilon : même longueur d'ondes. Branchés chacun sur la même fréquence. Partage des rôles entre douceur et colère contenue. Partage du nuancier. Chez Gilles Barikosky on sent comme une réserve, voire une pointe de timidité ou plutôt de modestie. De cette modestie de ceux qui ne montrent pas qu'ils ont de l'or entre les mains. Qui ne montrent pas trop qu'ils ont découvert un trésor précieux mais qui avec amour et générosité en font néanmoins profiter les autres. Gilles a cela. l était temps qu'au bout de 20 ans, après avoir donné tout son talent aux services des autres, Gilles affirme sa propre musique et porte haut les couleurs de ce jazz qui rend les choses plus belles, plus heureuses, plus apaisée, plus sensuelles, plus douces. Il fallait attendre le bon moment. Il fallait attendre l'heure dite." Jean-Marc Gelin « DNJ ,les dernières nouvelles du jazz »
Et quelques mots de Franck Bergerot : "Ce ténor discret, découvert dans l’ombre de la chanteuse Sonia Cat-Berro, joue d’une musicalité profonde servie par Romain Pilon (erg), Matyas Szandai (b) et Antoine Paganoti (dm). Autrefois disciple déclaré de Dexter Gordon, il se présente ici sous des angles qui évoqueraient plus un Chris Cheek, peut-être sous l’effet du raffinement de compositions affranchies du modèle hard bop sans rompre totalement les amarres. Comme la nature des solos, le traitement de Lady Sings The Blues et Along Came Betty, confirme cet élégant sens de la forme." Franck Bergerot, Jazz Magazine
Septembre 2024